Il va y avoir de la polémique dans l'air ces prochaines semaines sur le blog (si tu consens à bouger tes doigts sur le clavier dans les commentaires, sinon on dira que j'ai raison! -p), pas mal de choses titillent mon seuil (pas très élevé, j'en conviens) de tolérance ces derniers temps.
Aujourd'hui, je vais revenir sur Instagram ou comment un réseau social que je trouvais attrayant est devenu ces derniers mois, une source incessante d'exaspération...
Oh, je te vois venir et me répondre que le plus simple serait de ne plus y aller. Je suis plutôt d'accord avec toi, à condition que tu me trouves une occupation lorsque je dois patienter dans une file d'attente ou fumer une cigarette pendant la pause café et je ne suis pas certaine qu'arrêter de fumer me rende plus tolérante (petite maline).
Je suis partie en vacances sur le tard, début septembre et tout l'été, j'ai eu le droit à des clichés de perfection sur Instagram. C'est joli, j'en conviens mais pour le moral des troupes (et de mon cuissot), c'était un peu moyen.
Alors je n'aurais qu'une seule question, qui sont ces femmes (je ne suis que des nanas) qui :
- ont le temps de te dresser des assiettes digne d'un designer matin, midi et soir
- de faire une heure de sport par jour
- de se photographier avec une tasse de thé et un bouquin sur une housse de couette sans un pli
- de s'occuper de trois gosses en bas âge
- de se rendre à des présentations presse 3 soirs par semaine
- d'avoir un bronzage caramel sans tâches ou rides
- des manucures parfaites
- un intérieur immaculé
Qu'elles se dénoncent une bonne fois pour toutes, bordel!
Et surtout, au lieu de nous jeter leur perfection à travers nos écrans de smartphones, qu'elles aient la sympathie de nous donner leur secret au lieu de nous faire sentir minable dans un sous-entendu (très bien entendu, je ne suis pas encore coconne) "Regardez (et likez) ma vie, je suis Mme Parfaite" (Mme Parfaite qui pour moi me fait penser par je ne sais quel procédé à Mme Patate hein).
C'est agaçant.
Si il n'y avait que ça, j'aurais couru ventre à terre (façon de parler, je ne cours plus depuis que mon petit orteil s'est cassé et s'est ressoudé en accent circonflexe) chez mon médecin de famille, lui aurait demandé deux ou trois anti-dépresseurs et basta.
Alors soit je suis passée à coté de l'essence même d'Instagram, mais il me semblait bien que ce réseau était un lieu de partage instantané de nos moments de vie (Instagram, Instantanée tout ça, tout ça...).
Quand je vois le travail de certaines pour poster une photo Instagram (sortie du trépied, déambulation dans les rues pour trouver le spot parfait...), je crois que je suis à coté de la plaque.
Sans compter celles qui emmagasinent les clichés pour surfer sur l'actualité! Non, parce que je vis en France dans les Hauts de France et avoir vu fleurir sur Instagram le 21 septembre, des dizaines de photos avec les rues de Paris (ou d'ailleurs) couvertes de feuilles mortes, j'ai eu l'impression de vivre sur une autre planète ou alors à Valenciennes (où les feuilles sont encore bien vertes), elles sont peut-être fixées (par les gars de la voirie) aux arbres (par pur esthétisme), faudrait que je me renseigne auprès de la mairie à l'occasion.
Du coup, j'ai beaucoup de mal à comprendre le concept de capture du moment dans les cas présentés ci dessus.
Je ne suis pas dans l'identification à outrance, ni dans la comparaison loin de là.
- Je ne fais pas de sport, j'ai du coup la fesse molle et un peu grasse.
- Je bois des sodas à longueur de journée, j'ai donc un rebond au niveau du bidou.
- Je ne prends jamais mes pieds en photo (parce que j'ai hais les pieds et que souvent mon vernis n'est pas au taquet, faut avouer).
- Je me lève soit affamée et la dernière chose à laquelle je pense c'est de sortir une jolie tasse, une jolie biscotte, une jolie confiture (tu comprends l'idée?), soit à la bourre et là, j'ai à peine le temps de glisser mon Iphone6 (too old school, ma poule) dans mon sac à main.
- Pour mon intérieur, c'est la guerre des nerfs avec un jeune homme de 18 ans et un chaton de presque 5 mois. Je me couche, tous les soirs, satisfaite d'observer mon appartement rangé et je rentre le lendemain soir pour constater qu'une guerre civile a certainement dû éclater dans mon salon.
- Je ne bois pas de thé et ma housse de couette reste immaculée environ 45 secondes, ce qui est à peu près le temps dont a besoin MalteTheCat pour se rouler sur le lit.
- Pour le bronzage, je botte en touche puisque je bronze sous un parasol par peur des tâches brunâtres, alors forcément le coté caramel, je me suis assise dessus!
Tout ça me va, c'est ma vie et je suis scandaleusement heureuse, presque épanouie dis donc!
Presque car avant de partir en vacances, j'ai du courir les boutiques à la recherche de maillot de bain une pièce et de 4 paréos (pour une semaine). Oui, parce que tu comprendras bien qu'en ne voyant que des corps parfaits, j'ai eu un peu les boules du regard de la foule sur ma petite personne.
Mon mec n'a rien compris à la détresse de la fille qui ne trouve plus de paréos fin aout et qui décrète qu'elle ne mettra donc pas les pieds sur la plage. Ambiance.
J'allais quand même pas me priver de vacances, à cause de mon corps quarantenaire, flasque et vieillissant (gras aussi, mais ça c'est un peu de ma faute, donc on va passer sous silence si tu veux bien) et c'est avec bravoure que je suis donc allée en Italie. Premier jour, on se dirige vers la plage, le barbu et sa bedaine, copains comme cochon dans leur caleçon de bain et moi, mon short, mon tee-shirt, et mon kimono, on a eu un peu chaud.
En phase d'observation (tu veux faire quoi d'autre sur la plage dans cet accoutrement, franchement?), je réalise en une nano seconde que Instagram, c'est bien joli mais c'est pas vraiment la vraie vie. Parce que sur la plage de sable blanc avec des fonds marins turquoises, les mères de famille avaient la même fesse molle que moi (inouïe), le bidon qui va bien, les cheveux dégueulasses que d'autres appèleraient "Beach waves" (c'est ça ouais), des gosses plus insupportables les uns que les autres et des maillots de bains tout aussi dépareillés que les miens!
Alors voilà, pour moi, Instagram, c'est exactement ça: Une photo mal cadrée (bonjour l'ambiance zen avec le toboggan multicolore), mon gras, mon bidon (mais de 3/4 on a l'impression que c'est moins pire), mon maillot de bain 1999 (pour le bas! Le haut ne date que de 2007), mes cheveux cracra (mais attaché, ça passe), de loin tu ne vois pas la repousse des poils sous les bras et pourtant, ce sourire, je peux te jurer sur ce que j'ai de plus cher qu'il est tout ce qu'il y a de vrai à l'instant T.
Mais promis dès que je me mets à sucer des bouts de poireaux au petit déjeuner, j'en ferais de jolis clichés filtrés.